Mon nom est Don Remonato. J’étais le fils d’un riche et grand seigneur. Le peuple m’appréciait, et je le lui rendais. J’étais très proche de lui, et me promenais fréquemment dans les villages autour du château.
Cependant, un jour où je me rendais à l’un de ces villages, un homme se précipita vers moi et me demanda rechercher sa fille, partie avec son fiancé dans les bois au cours d’une promenade la veille. Le village n’avait plus de nouvelle du jeune couple, et le pauvre homme s’inquiétait tant que j’accédai à sa requête.
Dans la forêt, je recherchai activement la moindre trace du couple, sans rien trouver. J’allais abandonner quand j’aperçus le corps déchiqueté d’un jeune homme, et près de lui, une jeune femme blonde qui pleurait silencieusement sur son corps. Je m’approchai d’elle et lui demandai ce qu’il s’était passé. Lorsqu’elle leva son visage vers moi, la terreur me prit aux tripes : son visage était couvert de sang, sans que la moindre blessure soit visible. La vérité se fit jour : elle était lycanthrope, et elle n’avait pas su contrôler sa fureur lors de la nuit de pleine lune, au cours de laquelle elle avait tué son amant. Mais la pauvre femme était pathétique, aussi marquai-je une longue hésitation : devais-je l’abandonner là, ou bien la ramener au village ? Cruel dilemme ! Si elle restait là, sous sa forme humaine, elle ferait une proie facile pour les prédateurs. Mais si je la ramenais, elle serait reniée par son père, et exécutée sans plus de ménagement.
Je décidais donc, après mure réflexion, de rester là, auprès d’elle, pour la protéger le jour, et de me retirer la nuit, pour ne pas me faire mordre. Mais plus le temps passait, et plus elle se confiait à moi. J’en vint à ne plus la quitter les nuit où la lune n’étai pas pleine. Et le temps passait, je me rendais compte que cette jeune femme m’attirait plus que je ne le voulais, et que les journées me paraissaient plus courtes en sa compagnie.
Un jour, alors que je rentrais au château de mon père, j’entendis un groupe de paysan débattre d’une rumeur : le roi Thörgill avait, du temps de son règne, créé l’ordre des Lycans, et ce même ordre croissait de jour en jour ! La nouvelle m’accueillit de plein fouet. Je fis demi-tour, et galopai vers la forêt où ma bien aimée passait désormais sa vie. Son visage passa de la surprise, causée par mon retour, à la joie de trouver là un refuge. Mais elle ne voulait pas partir sans moi, aussi me supplia-t-elle de me laisser mordre pour adhérer avec elle à cet ordre.
Heureux de la proposition qu’elle me faisait, je me laissai faire, et au cours de la nuit, elle me mordit. Un peu violemment, certes, car elle manqua m’égorger, et mes jambes me sauvèrent la vie, cette fois là.
Au matin, je rentrai au château de mon père pour lui annoncer mon prochain départ de la cité. Puis je retournai dans la forêt, et avec ma compagne, nous partîmes vers la capitale du royaume. Vers l’Ordre des Lycans...