Rp 1, c^rane 2022 : elle

La jeune femme ouvrit les yeux et observa le paysage de désastre qui se trouvait en dessous d’elle. La terre qu’elle connaissait jadis florissante, était recouverte de traces de brûlures, l’herbe y était piétinée, et des corps jonchaient le sol autrefois recouvert de mousse.
Au nord, elle pouvait apercevoir la mer, qui s’était muée en masse houleuse, noire, qui accueillait désormais en son sein une dizaine de bateaux ornés de voiles noires. A bord, de sanguinaires pirates munies d’épées préparaient avec soin l’abordage.
Dans le même temps, elle entendit des bruits de pas massifs provenant de la même direction. Des soldats lourdement armés, le sabre aux dents, voulaient en découdre et marchaient vers elle. Ils possédaient tous le même uniforme, tache de noire dans la forêt verte, annonçant un bien sinistre présage. Elle frissonna.
Mais elle se ressaisit rapidement et tourna son regard vers l’est, espérant y trouver un semblant de réconfort. Que nenni. Des hurlements se retendirent soudain dans la sorte de silence pesant qui entourait la plaine. Toute une meute, poils hérissés et dents en avant se mirent à courir vers le centre.
A leurs côtés se trouvaient de preux chevaliers, chevauchant leur fidèle destrier. Des armures cachaient leur visage, mais la jeune fille aurait pu parier qu’ils étaient vides et sans expression. Des haches étaient fixées sur le dos prêtes à découper des membres qui se mettraient en travers de leur chemin. Elle frémit.
Pendant ce temps, à l’ouest, sur les sentiers semés d’embûches, des brigands attendaient patiemment, prêt à attaquer le moindre manant se mettant en travers leur chemin. Armés jusqu’aux dents, ils avaient soif d’argent, de gloire et de vengeance. La fortune voulait leur sourire, mais ils devaient faire leurs preuves.
Non loin de là, la fière légion qui avait fait des ravages sur son passage, se tenait prêtes au combat. Leurs aigles et rapaces de combat se tenaient prêts à picorer au moindre ordre de leurs maitres. Sauvages et acérés ils ne se laisseraient pas faire. La jeune fille tressaillit.
Elle porta enfin son attention sur le sud. Oubliés depuis longtemps de tous et solitaires, se battaient de magnifiques animaux légendaires, leur robe luisant au soleil brulant. Leur corne qu’ils portaient autrefois fièrement était désormais imbibé du sang de leur ennemi. Leurs sabots ravageaient tout sur leur passage. Elle grelotta.
D’autres troupes se battaient aussi en contrebas. Fièrement, inlassablement, cruellement. Personnes ne voulaient abandonner ne serait-ce qu’un centimètre de terrain. Tout ce massacre, ce sang, cette folie humaine… La jeune fille ferma les yeux. Ses longs cheveux châtains ondulant au vent.
« Assez ! s’écria-t-elle » en ouvrant ses mains. Tout se figea. Soudain, un grondement se fit entendre. Lentement, les flots se déversèrent sur la plaine, stoppant les participants dans leur combat épique. Lévy murmura-t-elle. A toi de jouer… Apporte moi la victoire.